Cultivera-t-on un jour des céréales pérennes ?


Jeudi 16 septembre 2010

Les céréales cultivées : blé, maïs, sorgho, riz, qui représentent l’essentiel de nos ressources vivrières sont des plantes annuelles. Chaque année elles sont semées au printemps ou à l’automne et moissonnées cinq à six mois plus tard. Dans un article de la revue Science*, un groupe de chercheurs d’origine multinationale (U.S.A., Suède, Chine, Argentine) met en exergue l’intérêt qu’il y aurait à créer des céréales pérennes (vivaces) c’est-à-dire capables de fructifier plusieurs fois dans leur existence. 

Les avantages des plantes pérennes sur les plantes annuelles sont nombreux. Elles ont une saison de croissance plus longue donc un système foliaire plus longtemps fonctionnel ; ceci permet une activité photosynthétique étalée dans le temps qui va accroître la productivité. Leur système racinaire est aussi plus développé que celui des plantes annuelles ; ce système interceptera et utilisera mieux l’eau issue des précipitations, il sera plus efficace contre les risques d’érosion. Enfin l’utilisation d’une plante pérenne permet de réduire les interventions agricoles telles que : semis, fumures, désherbages. Elle économise les intrants et réduit les émissions de gaz à effets de serre.

Transformer une plante annuelle en plante vivace pose problème. Il faut aller rechercher le caractère « vivace » chez une espèce voisine et l’introduire par croisements dans l’espèce à modifier. Un tel projet avait été tenté sur le blé aux États-Unis et en Russie en 1960. Ces programmes ont échoué par suite de stérilité des hybrides interspécifiques et de présence de caractères indésirables. 

Même s’ils étaient repris avec des moyens plus importants, comme le demandent les auteurs de l’article, il faudra avec les méthodes d’amélioration conventionnelles, au moins une vingtaine d’années pour obtenir des variétés pérennes or c’est dans les dix prochaines années que la production de céréales risque d’être insuffisante du fait de la croissance de la population mondiale. 
     
Les chercheurs s’efforcent de trouver des solutions souvent très astucieuses ; mais ne vaudrait-il pas mieux que l’on prenne aussi conscience que l’on s’efforce en vain de faire face aux problèmes alimentaires d’une population humaine déraisonnablement croissante ?

Il y existe une application de la substitution de plantes annuelles par des plantes vivaces qui ne vous échappera pas, c’est le recours de plus en plus fréquent de ces dernières dans nos parcs et jardins publics.


*Science, 25 juin 2010, pp. 1638-1639 



Les questions environnementales vous intéressent-elles ? Vous pouvez enrichir vos connaissances et acquérir une vision globale de ces problèmes en lisant mon dernier livre : « Environnement, l’Hypothèque Démographique ».



3 commentaires:

Anonyme a dit…

J'ai vus une vidéo montrant des chercheurs Américains,tout content d'avoir découvert 5 blés vivaces,rendement moindre mais,VIVACE.

Patrice a dit…

Bonjour,
Je suis très intéressé par le sujet. Existe-t-il déjà de telles céréales ? Je voudrais faire l'essai de ces céréales sur mes parcelles.

René MONET a dit…

L'article de Science est prospectif, Il se base sur l'espoir d'utiliser une céréale pérenne : Thinopyrum intermedium soit comme producteur direct après sélection intra-spécifique, soit après hybridation inter-spécifique avec du blé cultivé. Les deux processus sont très lents et l'on ne peut espérer obtenir une espèce commerciale qu'après de nombreuses années. L'U.S.D.A. a cependant inscrit sous le nom de Manifest une ancienne sélection massale Russe.

Enregistrer un commentaire