Incendies et biodiversité

Vendredi 5 Mai 2017

Avec l’augmentation des températures consécutives au réchauffement climatique et l’expansion de l’habitat humain,  la lutte contre les incendies est devenue une priorité. On considère en effet que le feu est non seulement dangereux pour l’homme mais qu’il va réduire pendant longtemps la couverture vivante de notre environnement et peut-être même contribuer à un appauvrissement de la biodiversité. Les incendies sont-ils toujours une cause d’appauvrissement de celle-ci ? Un article bibliographique* de la revue américaine Science tente de rassembler ce que l’on sait sur cette question.

Il est des cas où des régimes d’incendie peuvent bénéficier à la biodiversité ; dans les zones où ils constituent les éléments perturbateurs essentiels à la stabilité environnementale, ils créent des niches favorables à la coexistence d’un plus grand nombre d’espèces. Ainsi dans les forêts de conifères de Californie, certaines espèces d’oiseaux comme le pivert à dos noir dépendent d’habitats créés par des incendies sévères. Une autre étude a montré que la variation de la fréquence et de l’intensité des incendies favorise la coexistence d’un plus grand nombre d’espèces végétales dans ces mêmes forêts.

Il ne faut cependant pas croire que ces observations favorables aux incendies comme agents de la biodiversité soient toujours vraies ; les auteurs de l’article ont observé qu’en Australie dans des forêts d’eucalyptus n’ayant pas subi d’incendies sur une longue période, il y avait des niveaux élevés de diversité chez les oiseaux car ces forêts intactes sur une longue période, leur fournissaient  en grande quantité nourriture et abris.

Il existe donc une incertitude sur la réponse de la biodiversité face aux incendies et celle-ci doit-être levée par de nouvelles études. Il est nécessaire par exemple de mieux connaître le déroulement temporel des   caractères des plantes qui seront les plus affectés par le feu : longévité et résistance des graines à la chaleur, période reproductive, sénescence, toutes ces observations devant permettre d’estimer l’intervalle de temps entre deux incendies qui autorise la survie des différentes espèces présentes dans un milieu où ils sont fréquents.

Les relations entre Incendies et biodiversité ne peuvent être isolés des autres caractéristiques du climat agissant sur les changements environnementaux. Ainsi un climat plus sec va accroître la fréquence des incendies et s’opposer à la persistance de la végétation. Les graines qui sous la canopée sont susceptibles de reconstituer la végétation sont très vulnérables au raccourcissement de l’intervalle entre deux sinistres.

Dans nos zones à forte densité de population la lutte contre les incendies est systématique ; est-ce un bien ? Est-ce un mal ? La biodiversité est-elle affectée par la diminution de la fréquence des incendies ? Comment une zone brûlée recouvre-t-elle sa biodiversité et en quoi va-t-elle différer d’une zone non brûlée ? Des études partielles à ces questions existent sans doute, mais ne devraient-elles pas être approfondies ?


*L.T. Kelly et L. Brotons, Science, 24 mars 2017, N°6331, pp.1264-1265.     



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