Effet puits de carbone des forêts


Mercredi 19 octobre 2011

Par la photosynthèse les arbres (comme tous les organismes photosynthétiques d’ailleurs) utilisent l’énergie solaire pour fabriquer, avec de l’eau et du CO2 de l’air, leurs sucres (éléments énergétiques) et leurs structures carbonées. Regroupés en forêts, ils constituent par leur masse et leur permanence des puits de carbone (C).
Les forêts accumulent, sous les frondaisons, des litières constituées de feuilles mortes, de branches et même d’arbres morts tombés au sol. Ces litières qui se dégradent très lentement sous l’effet d’organismes saprophytes et de bactéries constituent elles aussi des puits de carbone.

L’importance relative du puits de carbone associé aux arbres d’une forêt ou celui associé à leur litière dépend du climat. Chez les forêts boréales par exemple, le froid ralentit la dégradation de la litière celle-ci constitue un puits de carbone plus important que celui constitué par la forêt elle-même ; c’est le contraire pour les forêts tropicale où la dégradation de la litière est très rapide ; chez les forêts tempérées la situation sera intermédiaire.

Des chercheurs* ont essayé d’évaluer sur deux décennies (1990-1999 et 2000-2007) l’importance de l’effet puits de C attribuable aux forêts (litière comprise) et son évolution du fait des déforestations et de mise en culture des terres ainsi libérées durant la même époque. Voyons quels sont leurs principaux résultats :
- Forêts boréales (1135 millions d’hectares). Le puits de C qui leur est attribuable est resté stable au cours des deux décennies il est équivalent en moyenne à 0,5 milliards de tonnes de C par an (MtC/an) et représente 22% des capacités forestières globales de la planète.
- Forêts tempérées (767 millions d’hectares). Leur capacité puits de C s’est accrue au cours des deux décennies passant de 0,67 à 0,78 MtC/an, soit respectivement 27 et 34% des capacités forestières globales.
- Forêts tropicales intactes (1392 millions d’hectares). Leur capacité à diminuée au cours des deux décennies passant de 1,3 à 1,0 MtC/an. Les déforestations (en réduction cependant au cours de la deuxième décennie) ont entraînées une perte de capacité puits mais aussi des émissions de C (sources de C) par passage d’un biome forestier à un biome agricole ou de prairie. Ces émissions ont été compensées seulement en partie par des replantations. En définitive : effets négatifs des déforestations compensés partiellement par l’effet puits des replantations ont entraîné des émissions de carbone de 1,5 et 1,1 MtC/an au cours des deux décennies. Effets puits et effets source (du fait des déforestations) se compensent ainsi globalement pour les forêts tropicales ; Seules donc, au cours de ces deux décennies, les forêts boréales et tempérées ont assuré une capacité puits de C positive de 1,2 MtC/an et 1,3 MtC/an.
Si l’on s’intéresse maintenant au budget global :
- sources (émissions de C) : combustions des énergies fossiles, émissions volcaniques, changements de biome par déforestations.
- puits (absorption de C) : Forêts, océans, atmosphère.
L’atmosphère a reçu 3,2 MtC/an au cours de la première décennie, et 4,1 MtC/an au cours de la deuxième soit une augmentation de 0,9 MtC/an. L’effet de serre n’a donc fait que s’aggraver.

*Yude Pan et al. Science, 19 août 2011, N°6045,pp.988-993



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