Ce que dit le sel de la mer


Mardi 3 juillet 2012

Le réchauffement de la planète au niveau du sol et de la basse atmosphère par l’effet de serre, doit intensifier le cycle de l’eau car l’air chaud est plus riche en eau et peut ainsi redistribuer plus d’humidité. Quelle est l’importance de ce phénomène ? Comment le mesurer ?

Obtenir des observations pluviométriques globales, réparties sur le long terme, est difficile car les données de qualité n’existent que sur des relevés terrestres faits essentiellement dans l’hémisphère nord. Par ailleurs les pluies sont des phénomènes répartis de manière sporadique dans l’espace et dans le temps et il est difficile sur de petits changements observés par les réseaux météorologiques d’en déduire sans risque d’erreur des changements sur les moyennes régionales. Des chercheurs* ont eu l’idée géniale, pour mesurer l’intensification du cycle de l’eau, de recourir à une donnée qui dépend directement de l’importance de l’évaporation et des précipitations : la richesse en sel des couches superficielles de l’eau de mer.

Les océans couvrent 71% de la surface du globe et reçoivent 80 % des pluies. Les eaux de surface des océans ne s’échangent qu’avec une extrême lenteur avec les eaux profondes ; leur teneur en sel reflète donc, assez étroitement, le niveau d’évaporation ou de dilution par la pluie auxquelles elles sont soumises. Mesurer l’évolution de la teneur en sel c’est mesurer en définitive l’intensification du cycle de l’eau. Les données, sur la température de l’eau et sa teneur en sel, auxquelles ces chercheurs ont eu recours proviennent avant 2000 de relevés réalisés au cours de campagnes de mesures à partir de bateaux océaniques et après 2000 celles fournies par les balises automatiques du programme Argo (3500 balises réparties sur tous les océans).

Il apparaît, au cours de ces 50 dernières années, que la salinité s’est accrue dans les zones de latitude moyenne (subtropicales) où l’évaporation domine ; elle a diminué dans celles où les chutes de pluie sont importantes : régions tropicales, tempérées et polaires. Selon le mécanisme « ce qui est riche devient plus riche » les régions océaniques salées deviennent de plus en plus salées alors que les régions douces deviennent de plus en plus douces. Les auteurs de l’étude concluent à une intensification globale du cycle de l’eau de 8% pour 1°C d’accroissement de la température suggérant que l’intensification pourrait atteindre 16 à 24% pour un accroissement prévisible de 2 à 3°C de la surface de la terre au cours des 50 prochaines années.

Une accentuation du cycle de l’eau renforce les évènements extrêmes comme la sècheresse ou les inondations ce qui en soi est plus grave que l’accroissement de la température dû à l’effet de serre car il va affecter les productions agricoles, aggraver l’instabilité climatique et sans doute entraîner des déplacements de population.

*Paul J. Durack et al. Science, Avril 2012, N° 6080 PP. 455-458



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