Intensification soutenable (durable) de l'agriculture

Samedi 5 octobre 2013

Avec l’augmentation de la population humaine, la production alimentaire doit s’accroître si l’on veut satisfaire les besoins alimentaires de tous, mais les pratiques agricoles sont particulièrement néfastes à l’environnement (voir mon livre), il y a donc une sorte de quadrature du cercle à résoudre : peut-on accroître ces productions tout en ménageant l’environnement ? Dans un article paru dans la revue Science* des enseignants chercheurs énoncent les orientations qui devraient être prises pour que cette intensification durable de l’agriculture soit possible, nous allons les présenter ci-dessous.

Les principes :

1)  Il est nécessaire d’accroître la production agricole. Il faudra cependant inciter à modérer la demande en aliments coûteux à produire comme la viande ou les produits laitiers et réduire les déchets alimentaires.
2)  L’accroissement de la production doit-être obtenu par un accroissement des rendements et non par une augmentation des surfaces agricoles.
3)  Il faudra repenser radicalement les méthodes de production afin  d’en réduire au maximum les effets environnementaux.
4)  L’intensification durable est un but qui peut être obtenu par diverses approches : conventionnelle, haute technologie, agroécologie, culture biologique, tout en prenant en compte le contexte physico- chimique et social local.

Cette intensification de la production agricole doit être durable ce qui signifie qu’elle est soumise à deux règles essentielles : participer à la protection de l’environnement, ne pas avoir d’impact social négatif. Pour atteindre ces objectifs les auteurs  énoncent cinq règles :
       
1)     Pour protéger la biodiversité on pratiquera le « partage de la terre ». Soit l’agriculture sera inoffensive pour les espèces sauvages grâce à des pratiques culturales douces, soit on affectera une partie des terres à la production intensive alors que l’autre sera laissée libre à la bio-conservation.
2)    L’intensification de la production est souvent préjudiciable au bien être des animaux d’élevage ; l’intensification durable doit se faire en appliquant des standards de production qui préservent leur bien être. Ceci ne pourra être réalisé que si nous réduisons nous même notre consommation  de produits carnés.
3)  Une bonne alimentation nécessite des régimes alimentaires variés. L’intensification durable de la production ne doit pas se faire à partir de quelques cultures à forte productivité, elle doit s’efforcer d’apporter diversité et qualité aux régimes alimentaires. Dans les pays pauvres, les cultures indigènes négligées doivent être réévaluées et prises en compte dans la production vivrière locale.
4)  Dans les économies rurales il faut voir ce qui peut revitaliser l’organisation agricole et l’orienter vers une intensification durable : renforcement des services de développement, utilisation des méthodes modernes d’information et de communication.
5)     Dans les pays moins développés l’amélioration de la production est entravée par l’insuffisance du capital économique, physique et humain. L’investissement en agriculture est un moteur de la croissance économique. Il faut identifier aussi les pratiques qui renforcent les communautés rurales, améliorent les subsistances des petits exploitants et développent les emplois. Il faut en définitive éviter les impacts négatifs culturels et sociaux.

Voilà un beau programme, il devrait cependant rappeler que la croissance démographique humaine est aussi responsable des difficultés alimentaires qui n’ont pu être maîtrisées jusqu’ici (même après la révolution verte) ; l’arrêt de la croissance démographique devrait être lui aussi un objectif soutenable ! L’intensification de la production a enfin des limites, elle est dépendante localement de l’énergie solaire reçue, des disponibilités en eau et de la richesse du sol en nutriments.

*T. Garnett et al. Science, 5 juillet 2013, N° 6141, pp33-34.      



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