Les animaux migrateurs lient les communautés non migrantes

Samedi 5 juillet 2014

Les migrations ont été étudiées essentiellement dans leurs modalités et sur les avantages qu’elles confèrent aux espèces migrantes par les opportunités alimentaires qu’elles y rencontrent, par l’amélioration de leur sécurité et des conditions de leur reproduction. Peu d’études se sont intéressées à ce que peut apporter ce mode de vie aux espèces non migrantes.

Un article publié dans la revue Américaine Science* comble cette lacune ; elle rassemble des études dispersées qui montrent qu’en de nombreux points les espèces sédentaires sont redevables aux espèces migrantes. Nous en donnons ici les principales lignes.
1)   Transport et effets trophiques.
Les migrants cèdent de la nourriture, de l’énergie et d’autres substances aux communautés résidentes par leurs sécrétions, leur matériel de reproduction, leurs cadavres. L’exemple le plus démonstratif de ces apports est donné par la migration des saumons vers le lieu de reproduction. Elle constitue un énorme transfert alimentaire de l’océan vers les rivières où se fait la reproduction : prélèvements au cours de leur remontée par des prédateurs, mort sur place des saumons après leur reproduction.
    2) Dispersion d’éléments reproducteurs.
Les mouvements migratoires représentent un mécanisme unique de dispersion des graines, spores, propagules ce qui permet la colonisation d’habitats inoccupés, la reconstitution de populations disparues et naturellement le mixage génétique.
    3) Transport et dispersion de parasites.
Les migrants peuvent transporter des maladies qu’ils ont contractées pendant leur séjour dans l’un de leur pôle migratoire ou au cours de leur trajectoire et les transmettre aux espèces sédentaires. Ainsi la grippe aviaire serait transmise par des oiseaux marins migrants.
    4) effet trophique : herbivorie.
La prise de nourriture des migrants au cours de leur voyage, établit des interactions entre le consommateur et les ressources présentes sur le parcours. Il peut ainsi y avoir altération de la production primaire et à long terme modification de la composition des communautés de plantes. Exemple : effet destructeur des vols de sauterelles.
    5) effet trophique : prédation.
Les migrants prédateurs vont, en exerçant leur prédation, abaisser brutalement la présence des proies. Ainsi les oiseaux migrateurs prédateurs d’insectes, vont réduire leur abondance locale.
    6) effet trophique : les migrants sont des proies.
Ils constituent, au moment de leur arrivée, un pic de ressources exploitables par les prédateurs résidents.

Les effets positifs ou négatifs des espèces migrantes sur les espèces sédentaires constituent cependant des flux passagers qui n’altèrent que temporairement la stabilité des écotypes. Une communauté qui reçoit des espèces migrantes est profondément différente de celle qui n’en reçoit pas car elle va être momentanément modifiée soit à périodes régulières soit à périodes irrégulières et l’intensité de la modification qu’elle subit est, elle-même, variable.


*S.Bauer et B.J. Hoye. Science. 4 avril 2014, N°6179, p. 54 et Science on line       



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