Les
déchets de plastique constituent l’une des pollutions les plus graves du milieu
marin. Ils sont dangereux non dégradés, car ils peuvent être ingérés par les
animaux marins de grande taille, mais plus encore après leur vieillissement qui
facilite leur fragmentation en débris minuscules - dont on ne peut ni établir l’origine,
ni extraire des océans - qui peuvent alors être ingérés par les petits
invertébrés marins.
La
présence de plastique dans les océans résulte de déchets produits par les
populations côtières du monde entier, ce sont des déchets improprement traités que l’on a jetés au sol
ou que l’on a mal stockés (décharges en plein air par exemple). Ils accèdent à
la mer par les cours d’eau du continent, par les déversements d’eaux usées, par
le vent, ils sont enfin déplacés par les marées.
Quelle
est l’importance de ces déversements ? Des chercheurs* ont créé un
algorithme permettant de calculer la quantité de déchets de plastics générés
annuellement par des populations vivant dans la bande côtière des 50 km,
déchets susceptibles de rentrer dans les océans comme débris marins. Leur
algorithme intègre : la masse de déchets générés annuellement par tête
d’habitant, le pourcentage de plastique contenu dans ces déchets, le
pourcentage de ces déchets qui est non traité et donc la quantité de plastique
qui entre dans l’océan sous forme de débris marins. En tenant compte de
l’évolution des populations, ils ont pu faire des projections entre 2010 et
2025 sur les quantités de plastiques qui seront rejetées dans les océans par 192
pays ayant accès à la mer et dont les populations côtières sont notables.
Voici
quelques chiffres qu’ils donnent :
- En
2010, 2,5 milliards de tonnes de déchets solides ont été générées par 6,4
milliards d’habitants des 192 pays ayant un accès à la mer (93% de la
population mondiale). 11% environ de ces déchets étaient constitués par des
plastiques (275 millions de tonnes). Si l’on s’en tient aux populations qui
résident à 50 km des côtes (celles dont les rejets iront plus directement à la
mer), les auteurs estiment que 99,5 millions de tonnes de déchets furent générées
par ces populations, 31,9 millions
considérées comme non traitées et 4,8 à 12,7 millions de tonnes de
plastiques entrèrent dans les eaux
marines (soit 1,7 à 4,6% des déchets de plastiques générés par ces pays).
- Si
l’on cumule de 2010 à 2025 les masses estimées de plastiques susceptibles d’être déversées dans les océans,
on atteindrait (dans un l’hypothèse moyenne)
150 millions de tonnes.
- La
Chine a le plus fort potentiel de déversement : 8,82 millions de tonnes
par an ; la France est dans une position plus satisfaisante : 0,01 à
0,25 millions de tonnes.
Ces
chiffres sont colossaux et donnent une idée des dangers que font courir ces
déversements sur la vie océanique.
*Jenna
R. Jambeck et al. Science, 13 février
2015, N°6223, pp 768-770.
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