Nuisibles!

Mercredi 5 août 2015

Dès son apparition, l’homme s’est attaqué aux prédateurs sauvages parce qu’ils présentaient un danger mais aussi parce qu’ils partageaient avec lui les mêmes proies et qu’ils étaient ainsi concurrents. Quand, au néolithique, l’homme s’est établi, ces prédateurs ont constitué un risque pour les élevages ; l’homme les a aussi chassés par jeu et ce n’est que récemment que l’on a pris conscience qu’ils avaient un rôle important dans l’équilibre des systèmes écologiques et que les détruire n’était pas sans conséquences pour le maintien de cet équilibre. On ne chasse plus que les « nuisibles ». Il n’existe plus de prédateurs dangereux pour l’être humain sous nos climats, un prédateur est nuisible parce qu’il   peut s’attaquer aux élevages, au gibier ou être porteur d’un parasite dangereux.

Contrôler un prédateur n’est pas toujours bénéfique ; les échecs sont nombreux parce que l’on n’a pas pris en compte le fait que l’on perturbait un équilibre biologique. La suppression ou la raréfaction d’une espèce prédatrice provoque l’expansion de l’espèce proie ou de l’espèce concurrente. En Europe la disparition du loup a nécessité  des chasses de régulation pour contenir la prolifération des cervidés, aux Etats Unis, les antilopes américaines (pronghorn) essentiellement soumises à la prédation des coyotes, ont souffert de la disparition des loups qui a favorisé la prolifération des coyotes*.

L’objectif de l’éradication d’un nuisible peut ne pas être atteint ; ainsi en Angleterre on a voulu éliminer les blaireaux qui transmettaient la tuberculose bovine, un contrôle de l’effet de l’éradication des blaireaux a révélé que leur disparition dans une zone provoquait leur venue d’une autre zones entraînant dans certains cas l’accroissement de la transmission de la tuberculose bovine. En France on a tenté d’éradiquer les renards qui peuvent être porteurs du virus de la rage, la chasse outrancière au renard n’a pas permis heureusement d’éliminer totalement cette belle espèce avant que l’on ne se rende compte que sa vaccination était une solution bien plus efficace.

Classer une espèce dans la catégorie nuisible (et donc susceptible d’éradication) ne peut plus se faire à la légère ; il faut confronter le coût de sa prédation ou de sa nocivité avec les effets de sa disparition ou tout au moins sa baisse d’effectif sur le milieu dans lequel elle vit. Cela suppose une excellente connaissance de l’étendue de sa prédation, il faut aussi prendre en compte la présence de concurrents, et surtout évaluer les risques de l’expansion des populations proies.

*Rosie Wooddroffe et Stephen. M. Redpath, Science, 19 juin 2015, N°6241, pp.1312-1314.

P.S. Il n’y aura pas de billet en septembre. Bonnes vacances à tous mes lecteurs.       

  



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