Vendredi
5 Février 2016
Dans
une section spéciale de la revue Science
consacrée aux relations entre le climat et les océans, un article* rappelle les
principaux services que nous devons aux océans et si j’ai consacré dans mon
bloc des billets à certains d’entre eux, il est bon de les rappeler dans une
courte synthèse.
Ce
qui nous vient à l’esprit immédiatement, lorsque l’on pense aux océans et aux
mers, c’est qu’ils nous fournissent une grande partie de notre
nourriture ; mais la pêche à tellement été pratiquée que l’on a de plus en
plus recours à l’élevage des poissons et lamellibranches. Comme sur terre le
« chasseur cueilleur » est devenu agriculteur ; sur mer, pour maintenir
notre équilibre protéique, le pêcheur est devenu pisciculteur.
Ce
que l’on ignore le plus souvent, c’est que les océans sont des composantes
essentielles du climat : ils peuvent le modifier ou être modifiés par
celui-ci.
Les
océans échangent de l’énergie avec l’atmosphère ; ils absorbent, pour
rétablir l’équilibre énergétique, l’énergie excédentaire présente en haut de
l’atmosphère résultant du réchauffement climatique. Ainsi la température de
l’eau des océans s’accroît d’année en année et ceci peut être détecté à des
profondeurs allant jusqu’à 2000 m. A mesure que la colonne d’eau se réchauffe en
profondeur, l’écart thermique, eau chaude de surface eau froide de profondeur,
diminue et la colonne d’eau plus stable perd sa capacité d’échange ce qui ne
peut qu’aggraver le réchauffement climatique. La circulation océanique est
aussi affectée ainsi que la distribution de la chaleur et du sel et la
différence de température entre la terre et mer. Un océan qui se réchauffe accroît
l’intensité et la fréquence des événements extrêmes : tempêtes, cyclones.
Les
océans récupèrent les eaux de fonte des glaciers, ils constituent le réservoir
du cycle global de l’eau. La fonte des glaciers, la dilatation de l’eau de mer
consécutive au réchauffement climatique, provoquent l’élévation du niveau de la
mer entraînant des risques de submersion des terres basses sur toute la planète. Le risque
majeur est la fonte de la calotte glacière antarctique qui provoquerait, selon
les calculs, une hausse du niveau des mers proche de 4 m. Ce risque reste faible
étant donné que cette calotte glacière reste bien protégée et que sa fusion par
le réchauffement atmosphérique demanderait plusieurs siècles ; ce sont les
marges de cette calotte qui sont affectées, les icebergs flottants fondent
rapidement consécutivement au réchauffement des eaux océaniques.
Enfin
les océans nous rendent un service éminent en absorbant une partie du CO2 que
nous émettons. Cette absorption entraîne une acidification des eaux de mer. On
estime que 30% des émissions de CO2 humaines sont dissoutes chaque année dans
les mers, c’est l’équivalent de ce qui est absorbé par la biosphère terrestre
(notamment par photosynthèse), le tiers restant est dispersé dans l’atmosphère
et participe aux effets de serre. L’acidification des océans est un processus
dont nous connaissons mal les effets sur la vie sous-marine ; on peut redouter
qu’elle puisse entraîner une sous saturation du carbonate de calcium qui ne serait
plus accessible aux espèces qui l’utilisent pour leur calcification (notamment
les mollusques) ce qui aurait un impact sérieux sur la vie marine.
Malgré
leur vastes dimensions, les océans sont eux aussi modifiés par les
interventions humaines et nous avons du mal à mesurer qu’elles en seront les
conséquences.
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