Démocratie par indifférence ou ignorance !


Lundi 6 février 2012

Une minorité « active » peut-elle imposer sa vision sur les décisions d’un groupe humain ou animal ; autrement dit, peut-elle manipuler les décisions du groupe à son propre intérêt ou à ce qu’il croit être la bonne solution ?

Des chercheurs* ont publié à ce sujet une étude qui va à l’encontre de l’opinion et des inquiétudes que l’on peut avoir à ce sujet. Leur étude comprend un volet théorique et un volet expérimental. Nous ne nous attarderons pas sur le volet théorique assez complexe mais le volet expérimental mérite d’être décrit.

Les auteurs utilisent pour leur expérience une espèce de poisson capable d’acquérir un comportement simple qui consiste à se diriger vers une cible par apprentissage. Les expérimentateurs vont diviser leur réserve de poissons en trois groupes : un groupe sera éduqué à se diriger vers une cible bleue, un deuxième groupe vers une cible jaune et un troisième groupe ne recevra aucun apprentissage. Il s’agira de voir, lorsqu’on constituera une population comprenant une majorité de poissons éduqués à se diriger vers la cible bleue, une minorité constituée de poissons éduqués à se diriger vers la cible jaune et des poissons n’ayant reçu aucune éducation, quel sera le comportement de ces derniers lorsqu’ils seront lâchés de la même ligne de départ vers les deux cibles : iront-ils vers la cible bleue comme les poissons majoritaires en nombre, vers la cible jaune comme les poissons minoritaires ou adopteront-ils un troisième comportement ?

L’étude théorique est confirmée par l’étude expérimentale : les individus non informés ou indifférents au projet majoritaire ou au projet minoritaire vont suivre le groupe le plus nombreux, ils vont conforter la majorité et en ce sens auront un comportement démocratique.

Ainsi chez les groupes d’animaux sociaux comme ces poissons dont nous venons de décrire le comportement, les oiseaux vivant en bandes, les ongulés vivant en troupeaux, les êtres humain, tous individus faiblement liés, chez lesquels l’intérêt personnel peut être en conflit avec l’intérêt du groupe et donc avec la prise de décision favorable à ce dernier, la possibilité pour une minorité de manipuler l’ensemble du groupe est peu vraisemblable. Ce comportement relativise l’efficacité des minorités agissantes qui pensent arriver à leur fin par leur seul activisme.

*Lain D. Couzin et al., Science 16 décembre 2011, pp. 1578-1580



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