L'Etre Humain affecté par le déclin de la vie sauvage

Dimanche 5 octobre 2014

Plus d’un milliard d’êtres humains restent dépendants de la prise d’espèces sauvages terrestres ou marines ; leur principale source protéique vient de la chasse ou de la pêche comme au temps des premiers chasseurs-cueilleurs. Mais l’épuisement de ces ressources naturelles, consécutif aux prélèvements excessifs entraînés par la croissance de la population humaine, est à l’origine de conflits sociaux de plus en plus sévères ; la revue Science du 25 juillet dernier consacre précisément une section spéciale à la disparition d’espèces sauvages et  à ses conséquences ; nous avons choisi de présenter un article* qui relève les effets néfastes sur l’homme de l’appauvrissement de ces ressources naturelles.

La diminution des ressources naturelles nécessite de travailler davantage pour maintenir les rendements. Une illustration de cette situation est donnée par le déclin des ressources halieutiques, les pêcheurs sont contraints d’aller plus loin pour trouver du poisson, de pêcher plus profondément et plus longtemps pour obtenir la même récolte. Dans certains pays asiatiques ceci conduit à l’esclavage économique : l’équipage des bateaux peut être constitué d’hommes vendus à l’armateur, qui séjourneront sur le bateau plusieurs années, mal nourris, mal traités et quelquefois sans paye ; en même temps il sera fait appel à de la main d’œuvre enfantine bon marché pour remplir des activités qui reviennent normalement à des adultes, l’exploitation de l’enfant devient chose courante. Ce qui est valable pour la pêche l’est aussi pour la chasse, la diminution de la vie sauvage fait que des communautés qui satisfaisaient leurs besoins alimentaires par la chasse dans les forêts voisines sont obligées de faire de longues marches et d’explorer des espaces plus grands pour retrouver des proies en quantités suffisantes.
   
Des espèces sauvages rares alimentent aussi un marché de luxe ; leurs produits : peaux, cornes, défenses, peuvent atteindre des prix excessifs (les cornes de rhinocéros se vendraient entre 80 et 100 000 dollars le kilo). Ainsi des groupes de guérilla en Afrique trouvent, par le braconnage de ces espèces, des ressources financières pour alimenter leurs attaques terroristes.

Autre manifestation négative de cette diminution des produits de la vie sauvage, en Somalie la faiblesse de l’état a laissé les côtes Somaliennes sans gardiens, des pêcheurs étrangers sont venus concurrencer les pêcheurs locaux qui, pour se défendre, se sont armés et ont instauré une piraterie qui va bien au-delà du contrôle de la pêche locale.


Pour lutter contre ces conflits liés à l’appauvrissement des ressources, il existe des initiatives internationales comme le programme de l’ONU  anti-drogue et anti-trafic des espèces sauvages. Mais pour les auteurs de l’article ces programmes devraient avoir des financements plus importants et un soutien politique sans défaillance. C’est au niveau local que les actions sont plus efficaces : renforcement des droits exclusifs de pêche et de chasse pour les pêcheurs et chasseurs locaux, réglementation des niveaux de prises, sensibilisation des autochtones à la protection de la vie sauvage.

*J.S. Brashares et al. Science 25 juillet 2014, N°6195, pp.376-378.   



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