Mercredi 5 Novembre 2014
Après une période de croissance (celle de la moyenne globale),
les températures de l’atmosphère terrestre sont restées stables depuis l’an
2000 ; le réchauffement planétaire dû aux activités humaines serait-il une
vue de l’esprit ou y-a-t-il une explication à ce hiatus thermique car il n’y a
pas eu arrêt des émissions de gaz à effet de serre durant cette période, il y a
eu, même, un accroissement de ces émissions (2,3% en 2013) ? Plusieurs pistes
ont été explorées pour expliquer cette anomalie car l’énergie supplémentaire
piégée par les gaz à effet de serre est bien allée quelque part mais où ?
Pour expliquer ce hiatus thermique, on a soupçonné d’abord
des changements de la teneur en vapeur
d’eau de l’atmosphère, puis l’effet assombrissant des microparticules présentes
dans les fumées d’usines, mais l’explication dernière la plus satisfaisante est
le stockage de cette énergie dans les eaux profondes de l’océan Atlantique.
En utilisant des mesures de températures de l’eau à des
profondeurs allant de 0 à -1500 m, relevées par des navires océanographiques à
partir de 1970 et plus récemment par les
bouées du dispositif Argos réparties sur tous les océans de la planète, des
Chercheurs* ont établi qu’un accroissement du contenu de chaleur océanique
au-dessous de 300 m, s’est produit, depuis 1999, essentiellement dans les
bassins de l’Atlantique et de l’Antarctique ; le Pacifique ne présente,
pour la même période, que de faibles
variations de son contenu thermique.
Comment expliquer ces observations ? Dans l’océan Pacifique
les modifications thermiques se situent dans les premiers 300 m elles résultent
d’une anomalie périodique de circulation ; le courant froid dit de
Humboldt qui baigne les côtes d’Amérique du Sud
orienté sud-est nord-ouest cesse de fonctionner, il est remplacé par un
courant chaud de sens contraire dénommé el Nino. Les eaux froides profondes ne
pouvant plus remonter, les eaux chaudes
équatoriales vont occuper d’énormes surfaces ; elles libèrent d’importantes
quantités de chaleur qui irradient et s’échappent par les infra rouges de grande
longueur d’onde. Dans l’océan Atlantique et l’océan Antarctique ce phénomène
n’existe pas, on constate, à partir de l’an 2000, un réchauffement de l’eau
au-dessous de 700 m. Les auteurs expliquent cette situation de la façon
suivante : du fait d’une forte évaporation tropicale, l’eau de surface y
est plus salée, les courants marins transporteraient cette eau salée vers le
pole où, se refroidissant, elle s’enfoncerait et réchaufferait les zones
profondes ; ce phénomène se déroulerait de manière décadaire (inversion
tous les 20 ou 30 ans), il en résulte un
arrêt temporaire de la croissance de la
température de notre atmosphère mais une reprise de celle-ci surviendra plus
tard.
Quoi qu’il en soit, le réchauffement de notre planète a continué
même au cours de ce hiatus thermique.
*Xianyao Chen et Ka-Kit Tung. Science, 22 août 2014, N°6199, pp.897-903
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