Lundi
7 Décembre 2015
Il
y a les forêts primaires, autrefois appelées vierges, qui sont celles que
l’homme n’a pas encore modifiées et dont les surfaces continuent de décroître ;
il y a les forêts secondaires qui peuvent réapparaître sur des défriches
primaires abandonnées ou qui sont créées par l’homme soit pour répondre à ses
besoins de fourniture de bois soit, plus
récemment, pour reconstituer la biodiversité. L’intérêt écologique des forêts
secondaires a longtemps été négligé, c’est une écologiste américaine Robin
Chazdon* qui a montré que si la protection des forêts primaires est
essentielle, les forêts secondaires ne doivent pas être ignorées car « ce
sont des zones très dynamiques où la nature se régénère, de plus elles peuvent
fournir d’importants services écologiques comme la fourniture d’eau propre ou
la séquestration du carbone ».
Alors
que l’on pensait qu’après l’élimination des forêts primaires des zones
tropicales humides il n’était plus possible, sur des sols pauvres, trop
sensibles à l’érosion, que des systèmes racinaires se réinstallent et que la
croissance reparte, cette écologiste a observé que la biodiversité, en fait, peut
revenir avec un mélange de plantes qui reconstituent les couches de la canopée.
Elle parle d’une « mémoire écologique » constituée de graines résiduelles
qui, dans le sol, attendant le moment favorable pour germer et surtout des
arbres oubliés qui seront une source de semences ; enfin interviennent les
agents naturels de dispersion des graines : oiseaux, chauve-souris etc. qui
vont déterminer quelles plantes vont coloniser le site à nouveau.
Faut-il
replanter ou laisser faire la nature ? Très souvent on replante une espèce
alors que la forêt initiale était mixte. Une monoculture fournira peu des
services écologiques que peut rendre une forêt plus diversifiée. Chazdon n’est
pas partisane des plantations mono-spécifiques mais elle dit bien cependant que
reboiser ne peut-être un retour complet à
la forêt primaire. Comment opérer alors, si des forestiers replantent
entièrement des parcelles avec une seule espèce locale ou une espèce exotique ?
Elle a observé que si on laisse seuls des essarts abandonnés, la forêt peut y revenir
sans efforts ni dépenses mais le processus de reforestation sera plus long. Elle
note qu’il est sensé de planter en quelques endroits des arbres de l’espèce
native, notamment ceux qui ont un intérêt économique, pour accélérer le processus naturel. La
nouvelle forêt ne correspondra jamais entièrement à la forêt primaire, mais
elle peut en remplir correctement les services écologiques.
*Citée
par Elisabeth Pennisi, Science, 21 août
2015, N°6250, pp.810-813.
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1 commentaire:
Bonjour ,
La difficulté chez nous vient du grand nombre de propriétaires de petites parcelles boisée .Si les forêts ne produisaient pas de bois , je pense que nous n'en aurions plus depuis longtemps ce qui fait que les plantations sont un mal nécessaire pour " produire " un bois de qualité , la nature se moque bien de faire des planches droites .
L'idéal est d'avoir les trois formes de boisements . Pour la faune , l'orée du bois représente un biotope plus favorable que la forêt elle-même qui est " relativement " pauvre en vies , chez-nous du moins .
Simple avis d'un ancien bûcheron , aimant la forêt et la nature .
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