Mardi
5 Janvier 2016
Le
sujet de ce billet m’a été suggéré par un de mes lecteurs que je veux remercier
d’abord. C’est un sujet difficile car il fait intervenir la connaissance de la
physiologie des plantes, des principes écologiques et même de la psychologie
comportementale humaine ; je ne pense donc pas être en mesure de
l’épuiser.
La
construction d’un immeuble ou d’une maison, qui vont servir d’habitation aux
êtres humains, prive le reste du monde vivant d’un espace libre dans lequel il
peut se développer sans autres contraintes que celles qui sont présentes dans
un environnement naturel. Les plantes notamment sont affectées par une perte
d’espace au sol (emprise au sol de l’immeuble) qui fournit l’eau et les
nutriments, mais aussi par l’ombre de la construction projetée à l’ouest le
matin et à l’est le soir, au nord toute la journée ; la perte de lumière
solaire pour la plante est importante sur trois points au moins : la
photosynthèse lui fournit son énergie, la photopériode (durée de son
éclairement) détermine sa reproduction, enfin la lumière solaire détruit
l’auxine (hormone de croissance) synthétisée au niveau de la zone apicale des
rameaux ; ainsi si par un effet d’ombre la lumière solaire n’agit que sur
une seule face de la plante, la partie non éclairée des rameaux va croître plus
vite que la partie éclairée il en résultera une inclinaison de la plante vers
la lumière (phototropisme) et si la lumière est insuffisante, la plante trop
riche en auxine va s’allonger trop rapidement on parle alors d’étiolement.
Des
images de synthèse nous montrent des immeubles mis à la vente couverts de
plantes, d’arbustes et même d’arbres, que faut-il en penser ?
Voyons
d’abord ce qui peut se faire sur les toits. La surface d’un toit correspondant
à peu de choses près à l’emprise au sol de l’immeuble, si l’on végétalise le
toit on redonne aux plantes ce qui leur a été confisqué au sol ! Ce n’est
hélas pas vrai : pour installer des végétaux sur un toit il faut
l’aménager en une terrasse étanche (on crée un pot en quelque sorte) il est nécessaire en effet de retenir l’eau et
le substrat sur lequel se fixeront les racines. De ce fait les plantes que l’on
choisira devront être peu exigeantes en eau, car l’eau de pluie sera vite
évaporée sur le substrat de faible épaisseur que l’on peut apporter sur une
terrasse ; ces plantes seront aussi
de petite taille car une des fonctions du sol pour les arbres est de les fixer
pour qu’ils puissent croître sans être renversés par le vent. Les arbres que l’on
voit sur les terrasses sont cultivés dans des grands pots. On végétalise donc, essentiellement,
les terrasses sur toit avec des herbacées vivaces et des plantes grasses.
Qu’en
est-il maintenant des façades. Les façades au nord, par manque de lumière
solaire, ne peuvent être végétalisées qu’avec des plantes ombrophiles et
encore ; ces plantes de sous-bois profitent en général du peu de lumière
solaire qui s’infiltre dans la canopée, à certains moments de la journée, pour
activer leur photosynthèse. Complètement à l’ombre l’apport énergétique de la photosynthèse
ne va pas compenser les pertes par respiration, la plante va jaunir (régression
de l’appareil chlorophyllien) et dépérir. Sur les façades Est et Ouest les
conditions sont plus satisfaisantes au point de vue éclairement solaire excepté
un risque de phototropisme qui sera d’autant plus marqué que la plante aura une
vie longue notamment s’il s’agit d’arbustes. Les façades Sud sont les plus
appropriées à la végétalisation, elles permettront aux plantes héliophiles
d’avoir suffisamment de lumière. Les arbres et les arbustes pourraient y être
cultivés si ce n’était leur encombrement : la végétalisation d’un balcon
n’est pas tout à fait comparable à celle d’un toit, il faut réserver de
l’espace pour s’y déplacer et y vivre et la hauteur des végétaux ne pourra
dépasser la base de l’étage supérieur. Les plantes seront cultivées en pots ce qui
limite leur volume racinaire et nécessitera un apport d’eau et de nutriments.
Le
bilan écologique d’une végétalisation de l’habitat est médiocre. La séquestration
du CO2 par les plantes est insignifiante car les sucres fabriqués par la
photosynthèse sont consommés presqu’entièrement par la respiration ; il
n’y pas de mise en réserve importante et durables chez des plantes non
arbustives. Par ailleurs la mise en place et l’entretien de ces dispositifs
artificiels que sont : la préparation des toitures en vue d'une végétalisation, la fabrication
de containers, l’apport des substrats, des nutriments et de l’eau, sont coûteux
en émission de CO2. Il ne reste, en définitive, de vraiment positif que le peu d’Oxygène, produit par la photosynthèse, qui échappe à la respiration.
Le
bilan psychologique humain est sans doute plus positif : être entouré de
plantes est un besoin car il nous replace dans le monde vivant naturel d’où
nous sommes issus, les plantes sont belles aussi par leurs fleurs et leur
complexité structurale. Mais entretenir des végétaux est un effort qui,
malheureusement, ne fait pas l’unanimité dans les communautés
résidentielles et ce qui, au départ, a pu être un projet enthousiaste peut finir dans le désintérêt et l’abandon.
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