Samedi
5 Mars 2016
Egoïsme
et altruisme sont deux comportements sociaux présents, à des degrés divers, chez tous les êtres
humains. Ils ont été acquis au cours de l’évolution pour faire face à la lutte
pour la vie. L’égoïsme
se rapporte à l’individu seul : face aux agressions du milieu dans lequel
il vit, il essaie d’abord de se protéger et de protéger les siens car sa
réussite génétique dépend du nombre de descendants qu’il laissera après lui. Le
comportement d’égoïsme, en tant que « règle épigénétique »* ne
s’exerce strictement que dans des situations extrêmes ; en situation
normale l’égoïsme n’est considéré que comme un défaut.
L’altruisme
a posé aux scientifiques une recherche d’explication plus complexe, car, comment un
être qui est confronté continuellement aux agressions du milieu peut-il avoir
des raisons de faire attention aux autres ? La première explication a été
la sélection par parentèle (kin selection) : lorsqu’un individu ne peut pas
avoir de descendance directe, il va favoriser les descendants d’un proche
parent (la tante va aider son frère à élever ses enfants par exemple) puisqu’il
partage avec le proche parent une part de son génome ; si le parent
favorisé a, de ce fait, un nombre de descendants supplémentaires supérieur à
celui qu’aurait pu avoir son collatéral égoïste alors, selon la théorie, les gènes
d’altruisme vont augmenter dans l’espèce. La sélection par parentèle est
maintenant abandonnée et remplacée par la sélection au niveau des groupes**.
Les premiers Homo sapiens vivaient en
bandes qui associaient quelques
familles ; l’individu trouvait dans le groupe aide et protection de sorte
que sa réussite génétique dépendait de ses aptitudes individuelles mais aussi
de la capacité de survie du groupe. Un groupe uni, dont la cohésion était
déterminée par l’abnégation du plus grand nombre de ses membres était capable
dans une confrontation avec un autre groupe de mieux se défendre ; un
groupe sans cohésion au contraire risquait davantage d’être détruit. La
sélection naturelle n’a gardé, dans chaque confrontation, que les groupes dont
les individus étaient solidaires et se sacrifiaient pour la cause commune. Ainsi ont été
sélectionnés les gènes associés à l’altruisme.
Le
code génétique prescrivant le comportement social de l’être humain est, de ce
fait, chimérique ; une partie prescrit des caractères d’égoïsme qui déterminent son succès individuel à
l’intérieur du groupe, l’autre des caractères d’altruisme qui favorisent le
succès du groupe en compétition avec les autres groupes.
Deux
systèmes politico-économiques se sont affrontés et s’affrontent encore dans nos
sociétés modernes ; ils demandent aux individus de faire appel
majoritairement à l’un ou l’autre des comportements sociaux décrits ci-dessus :
-Le système libéral fait confiance à l’égoïsme de
l’individu ; ce dernier créera des richesses pour son propre bien être et
celui de sa famille, il assurera ainsi sa réussite sociale mais en même temps
sa réussite génétique, son apport sera, en seconde main, favorable aux autres
individus.
-Le système collectiviste demande à chacun de taire son
individualisme et d’être actifs pour le bien de tous, les richesses ainsi créées
seront redistribuées en évitant les déséquilibres du système libéral ;
l’altruisme devra être en tête du comportement social de chaque individu.
Le
système libéral est celui qui a eu le plus de succès parce que l’égoïsme est
plus puissant chez les êtres humains que l’altruisme. Quant Adam Smith parle de
« main invisible » c’est en fait « l’égoïsme » qui est
l’acteur invisible de l’activité économique, l’être humain s’active parce qu’il
sait que le résultat de son travail lui
reviendra entièrement. Mais comme l’est
la « lutte pour la vie » qui organise l’évolution, le système
libéral, sans limite, est ravageur pour les plus faibles.
Le
système collectiviste lui, n’a réussi à survivre que lorsque les gouvernements
exerçaient une pression sur les individus (pression physique ou psychologique),
l’altruisme étant une acquisition moins prégnante chez l’être humain que
l’égoïsme, il reste le plus souvent éteint quand le besoin se présente.
Appliqués
à l’extrême ces deux système ont produit beaucoup de souffrance, ne faudrait-il
pas un système plus équilibré qui intègre harmonieusement les deux
comportements sociaux majeurs de la nature humaine ? Ces comportements
n’étant pas à hérédité directe, ils peuvent aussi être éduqués.
*Voir
dans « Biologie » : Gène et comportement social (partie II).
**
E. O. Wilson « The social conquest of earth » Liveright Publishing
corporation 500 fifth Avenue, New York, N. Y. 10110. 2012
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1 commentaire:
Bonjour ,
Un égoïste , c'est quelqu'un qui ne pense pas à moi , disait l'enfant .
Je préfère le terme " individualiste " qui sous-entant la personnalité de l'être , ne pas suivre la meute sans réflexion .
Lorsque l'on voit quelqu'un tomber , on l'aide à se relever , c'est quasi instinctif .
La société ,le travail , l'argent , la compétition permanente font tout pour favoriser l'égocentrisme .Même l'entraide n'est possible que si l'on est soi-même à l'abri du besoin .
Il y a aussi les affinités qui ne s'expliquent pas vraiment , pourquoi apprécie-t-on une telle personne et ne peut-on voir une autre en peinture ?
L'humain est complexe , le moins que l'on puisse dire .
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