Mardi 6 Décembre 2016
Si on vous posait la question : où trouve-t-on
le plus grand nombre d’espèces animales ? Vous répondriez sans
doute : en Afrique ; et si on vous demandait de préciser, vous diriez :
dans la forêt tropicale. De fait, ce ne sont pas que les espèces animales qui
sont en plus grand nombre dans la zone intertropicale humide mais aussi les
végétaux, les insectes et même les espèces aquatiques vivant dans les rivières
et les mers. Il existe un gradient de diversité spécifique qui s’accroît des
pôles aux tropiques, ce gradient avait été décrit il y a plusieurs décades
déjà.
D’un point de vue évolutif et notamment des possibilités
d’adaptation aux variations de l’environnement qui risquent d’être rapides avec
le réchauffement climatique, il est plus fondamental de connaître l’importance
de la diversité génétique intra-spécifique qui conditionne l’aptitude d’une
espèce à répondre à la sélection naturelle. Jusqu’ici l’accès à cette diversité
génétique était quasiment impossible car distribuée dans des milliers de
publications. Cependant le dépôt, dans des banques de gènes de séquences
génétiques et la facilité d’accéder à ces séquences a permis à des chercheurs*
d’évaluer cette diversité génétique intra-spécifique et de voir s’il existait,
comme pour la diversité spécifique, un gradient croissant allant des pôles à la
zone intertropicale.
Ces chercheurs ont utilisé la séquence nucléotidique du
gène du cytochrome b (cytb) qui est
particulièrement variable. Ils ont comparé des alignements de séquences
nucléotidiques de ce gène pour tous des individus d’une même espèce géographiquement
repérés dans chaque carré de 150 000km2 d’une grille terrestre et calculé
leur diversité nucléotidique. Ce travail a été fait pour 4675 espèces de
mammifères et d’amphibiens. Ils ont calculé
ensuite pour chaque carré de la
grille la moyenne de la diversité génétique de toutes les espèces de mammifères,
la moyenne de la diversité génétique de toutes les espèces d’amphibiens et la
moyenne de la diversité génétique de toutes les espèces (mammifères +
amphibiens) et réalisé à partir de ces moyennes trois cartes du globe :
l’une pour la diversité génétique des mammifères, l’autre pour celle des amphibiens
et la troisième regroupant mammifères et amphibiens.
Quelles sont les principales conclusions que tirent les
auteurs de ce travail :
o
la disponibilité des séquences et la
couverture taxonomique est très variable d’un territoire à l’autre ; comme
on pouvait s’y attendre la majorité des connaissances se trouve en Europe de
l’Ouest, en Amérique du Nord et en Asie de l’Est.
o
L’Europe de l’Ouest a le plus faible niveau de
diversité génétique.
o
On identifie un gradient décroissant de
variabilité génétique de la zone intertropicale vers les pôles. Ce gradient est
à l’image du gradient latitudinal de la richesse en espèces.
o
Ce résultat est en accord avec l’hypothèse
qui lie la biodiversité à la température. Celle-ci a un effet direct sur le
taux des mutations et sur le temps des générations. En zone intertropicale, la
température pourrait ainsi accroître la vitesse de divergence des populations
et de leur spéciation.
o
La diversité génétique sur les mammifères et
les amphibiens est d’autant plus affectée que la pression humaine est grande.
La diversité génétique d’une espèce alimente son aptitude
aux changements environnementaux. De nombreuses espèces, soumises à la pression
destructrice humaine, ne survivent qu’en très petit nombre et se multiplient en
forte consanguinité ; elles ne possèdent plus de diversité génétique et
sont, de ce fait, condamnées à disparaître.
A. Miraldo et
al. Science, 20 septembre 2016, N°
6307, pp.1532-1535
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