Lundi
2 Janvier 2017
On
s’est longtemps moqué de Lamarck et de son hérédité des caractères
acquis ; la découverte de l’ADN support de l’hérédité, ses modifications
ou mutations alimentant les possibilités d’adaptation aux changements de milieu,
donnaient une explication suffisante aux sources de l’hérédité, à sa
contribution à l’évolution et rendait inutile tout autre recours explicatif.
Selon Weismann l’information ne pouvait aller que du génotype vers le phénotype
jamais dans l’autre sens.
L’idée
de Weismann s’est maintenue pendant plus de cinquante ans ; pourtant lorsque la
structure de l’ADN a été bien établie, on avait déjà noté que l’une de ses
quatre bases constitutives : la cytosine, pouvait tantôt être méthylée
tantôt non méthylée ; cette particularité avait-elle une
explication ? Très longtemps on a ignoré cette ambiguïté en désaccord avec
la stabilité de l’ADN.
La
mise en évidence de l’existence d’une hérédité ne dépendant pas d’une séquence
d’ADN, donc non génétique, ne peut se faire que si l’on possède des individus
dont le génotype est identique ; on dispose maintenant de lignées pures,
parthénogénétiques ou isogéniques bien
identifiées. A partir de ce matériel, on s’est aperçu que des individus génétiquement identiques, maintenus
dans des milieux différents, pouvaient présenter des différences capables de se
maintenir au-delà de la 3ème génération affectant non seulement le
phénotypique mais aussi le comportement, ce qui a suggéré qu’il existait des
signaux extérieurs héritables ; l’épigénétique est née à la suite de ces
observations.
Où
se situaient les modifications ; la méthylation de la cytosine sur l’ADN
est apparue très vite comme ayant un réel impact sur le fonctionnement de
certains gènes, elle pouvait accroître aussi leur taux de mutation, de plus
cette méthylation pouvait être réplicative et se maintenir de génération en
génération. D’autres modifications de même nature : méthylations,
acétylations, phosphorylations, s’accrochant aux protéines histones des
nucléosomes (pavés octaédriques sur la
tranche desquels s’enroulent l’ADN dans le chromosome) se sont révélées
intervenir sur le fonctionnement des gènes régulateurs codant pour les facteurs
de transcription, ces facteurs contrôlent la transcription des gènes de
structure dont ils ont le contrôle.
Ces
méthylations, acétylations, phosphorylations étaient induites par la nutrition,
le métabolisme et plus généralement l’environnement de l’individu dans lequel
elles se produisaient, elles allaient donc du phénotype vers le génotype, elles
étaient Lamarckiennes !
Tout
n’est pas acquis encore pour cette nouvelle branche de la génétique, notamment
la permanence de ces modifications au cours des générations et les facteurs de l’environnement qui les
induisent ; il est certain toutefois que l’assertion de Weismann était
trop rigide et que le fonctionnement du vivant est en réalité bien plus complexe.
Saluons donc ici ce petit espace qui prouve que la théorie de Lamarck n’était
pas entièrement fausse.
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