Les plantes invasives

Lundi 5 Mars 2018


Une plante ne peut devenir invasive que si elle est transplantée dans un milieu analogue à celui dont elle vient car l’adaptation est contraignante : une plante adaptée à un climat tropical ne deviendra pas invasive en milieu tempéré et réciproquement ; ainsi les tomates ne sont jamais devenues invasives sous nos climats, elles ne survivent que pendant une courte période estivale pendant laquelle elles seront soumises à des conditions climatiques proches du milieu tropical d’où elles sont issues.

Ceci étant, pourquoi une plante devient-elle invasive dans le milieu où elle a été transplantée ? Elle doit avoir des caractères qui lui donnent un avantage par rapport aux plantes qui vivent dans ce milieu. Le premier de ces caractères est une capacité de multiplication élevée et des moyens de propagation plus efficaces que ceux des plantes qu’elle va concurrencer (un rhizome, par exemple, sera plus efficace qu’une racine car il accumule les réserves). La plante invasive peut ne pas avoir emmené ses principaux parasites, elle se trouve ainsi comme en milieu stérile et va pouvoir se développer sans ennemis. Enfin la plante invasive peut être insensible aux moyens de défenses que possèdent  les autres plantes.

Le rôle des humains est fondamental dans l’introduction de plantes invasives*. Volontairement ou involontairement ils transportent l’espèce du milieu dont elle est originaire à son nouveau milieu, de là elle va s’intégrer puis se disperser activement. L’espèce peut être introduite parce qu’elle a un intérêt économique ; c’est fréquemment le cas des espèces forestières ainsi les forêts de feuillus ont été remplacées par des forêts de conifères dont le bois est plus recherché, on a introduit de nombreuses plantes ornementales qui au départ devaient être affectées à un espace limité dont elles se sont échappées pour se disperser dans le milieu naturel. Les échanges entre jardins  botaniques, autrefois très fréquents, ont certainement favorisé la dispersion des espèces ; les prospections dans les zones mal connues étaient l’occasion d’introduire du nouveau matériel, elles sont maintenant très règlementées pour éviter les pillages génétiques.

Les êtres humains peuvent favoriser l’installation de la nouvelle espèce en la multipliant, en l’hybridant, en la cultivant sur de larges espaces. Les plantes invasives se développent d’abord dans les zones où l’homme est présent car ce sont aussi des zones riches non seulement par leur sol mais aussi par les conditions climatiques qui y sévissent. Les zones arides marginales, où la présence humaine est faible, restent le refuge de la biodiversité et sont peu colonisées par les plantes invasives.

Les échanges intercontinentaux sont maintenant si développés qu’il est impossible de contrôler la venue d’une plante invasive ; il est en même temps très difficile de l’éradiquer. Nous ne sommes plus en mesure de contrôler l’expansion d’une espèce indésirable qui, par ses capacités concurrentielles, va contribuer à l’appauvrissement de la biodiversité.

*Christoph Kueffer, Science, 10 nov. 2017, N° 6364, pp.724-725. 


Les questions environnementales vous intéressent-elles ? Vous pouvez enrichir vos connaissances et acquérir une vision globale de ces problèmes en lisant mon dernier livre : « Environnement, l’Hypothèque Démographique ».



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire