Mardi
5 Juin 2018
Je
délaisserai les possibilités qui n’interviennent que rarement dans la formation
des espèces pour ne présenter que celle qui est considérée comme la plus
fréquente : la spéciation géographique.
Si
l’on considère deux espèces qui vivent côte à côte, elles sont bien
individualisées (on ne peut les confondre) et cette identité est maintenue
d’une génération à l’autre par des mécanismes d’isolation. Comment apparaissent
ces mécanismes d’isolation, ils ne peuvent être que génétiques et ils
s’expliquent si l’on considère qu’une espèce est vue comme
« multidimensionnelle et poly typique »* c’est-à-dire qu’elle peut
occuper un espace fragmenté et présenter des variations d’une zone à l’autre de
cet espace. La spéciation géographique établit qu’il se crée une nouvelle
espèce lorsqu’une population,
géographiquement isolée des autres populations de l’espèce parentale, acquiert,
durant la période d’isolation, des caractères qui sont à l’origine de l’isolation
reproductive.
Intéressons-nous
par exemple au chêne pédonculé Quercus
pedonculata ; c’est une
population d’arbres dispersée en sous populations dans tous les pays d’Europe tempérée
entre 0 et 1300 d’altitude. On peut imaginer que dans la diversité des zones où
l’espèce est présente, des barrières géographiques délimitent des isolats de celle-ci chez
lesquels les échanges génétiques avec l’espèce parentale sont rares ou inexistant.
Ces isolats vont présenter des mutations nouvelles qui apportent la diversité
génétique ; ces mutations soumises à la pression sélective du milieu local
qui ne garde que celles qui sont favorables à la population isolée, vont peu à
peu l’éloigner de la population source
et lorsqu’apparaîtra une barrière génétique de stérilité dans les croisements
avec la population mère, l’isolat deviendra une nouvelle espèce. Ainsi si l’on
examine la population des chênes pédonculés dans toute sa diversité, on peut y
trouver tous les stades conduisant à une nouvelle espèce. L’isolation
reconstruit une nouvelle espèce par mutations et sélection naturelle !
Les
différents stades de la spéciation géographique allant jusqu’à l’isolation
reproductive ont été observés chez différentes espèces et notamment chez l’espèce
de laboratoire qu’est la drosophile. Plus des obstacles s’opposent aux échanges
génétiques, plus l’écart environnemental est grand, plus sera grande la
possibilité que s’établissent des barrières génétiques entre sous populations
de la même espèce.
*E.
Mayr « Populations, species, and evolution » 453 p. 1970. Belknap
Press.
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