Mardi
5 Novembre 2019
Remplacer
les énergies fossiles stockées au carbonifère par celles obtenues aujourd’hui à
partir de la photosynthèse tel est le projet des partisans de la bioénergie. On
va cultiver des plantes destinées à donner des carburants : alcools,
huiles végétales, granulés de bois, etc. ces carburants seront utilisés dans
les centrales pour produire de l’énergie électrique. Deux cas sont alors
possibles ou bien le CO2 créé par leur combustion est rejeté dans l’atmosphère
ou bien il est capté et stocké dans des réservoirs naturels sous terre ;
cette dernière méthode est appelée B.E.C.C.S. (Bioénergie avec Capture du
Carbone et Stockage). Dans le premier cas le bilan est neutre ; on a pris,
grâce à la photosynthèse des plantes utilisées pour l’obtention des
biocarburants, du CO2 dans l’air mais on en remet tout autant ensuite, celui de
leur combustion. Dans le second, le bilan est avantageux car on a prélevé du
CO2 dans l’air par la photosynthèse sans y remettre celui de la combustion.
L’I.P.C.C.
(Intergouvernemental Panel sur le Changement Climatique) qui conseille les
gouvernements sur l’évolution et les risques liés au réchauffement climatique a
fait, dans un rapport récent, une mise en garde sur les aberrations que
pourrait provoquer un développement inconsidéré de la séduisante B.E.C.C.S. Je
reprends ce rapport à partir d’une synthèse faite dans la revue Science*.
L’arrêt
des émissions par les techniques dites B.E.C.C.S. ne sera pas suffisant pour
éviter que les températures n’augmentent au-delà de 1,5°C du fait des émissions
de carbone issue des énergies fossiles. Il faudrait utiliser la surface de
l’Inde pour atteindre cet objectif, la demande en terres agricoles serait telle
qu’elle affecterait la production alimentaire. On a vu en 2007, quand les Etats
Unis ont augmenté leur production d’éthanol, une augmentation brutale du prix
des céréales.
Par
ailleurs, les plantations destinées à produire de la bioénergie diminueraient
la biodiversité (c’est le cas des plantations de palmiers à huile en
Indonésie), elles utiliseraient les rares ressources en eau des zones sèches.
Ces cultures intensives entraînent, comme pour la production alimentaire, des
contaminations de l’eau par les engrais et le développement du parasitisme lié
aux cultures mono spécifiques. Enfin elles peuvent être la source de problèmes
sociaux : pertes de terres pour les petits fermiers.
Le
rapport note aussi que la production de bioénergie par les méthodes actuelles
est critiquable par exemple la transformation du bois des arbres en granulés
est contre productif, les arbres ont une croissance trop lente pour éviter un
réchauffement dangereux. Il vaudrait mieux cultiver, dans des terres marginales,
des herbes à croissance rapide pouvant être fermentées pour donner de l’alcool
que d’obtenir celui-ci à partir de plantes agricoles importantes comme le maïs.
En
définitive l’I.P.C.C. met en garde contre l’affectation de grandes surfaces de
terres agricoles pour la production de bioénergie car elles ne peuvent que
concurrencer la production alimentaire, réduire les disponibilités en eau et
limiter les droits à la terre des petits paysans.
*E.
Stokstard, Science, 9 août 2019, N°
6453, pp.527-528.
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