Mardi
5 Mai 2020
Il
y a 200 ans, une expédition Russe commandée par le Capitaine Fabian Gottlieb Von
Bellinshausen découvrait l’Antarctique. Ce continent glacé de l’Hémisphère Sud
nous intéresse parce que son évolution peut modifier considérablement le niveau
des océans et donc rendre la vie humaine impossible sur d’importantes surfaces
de notre planète. Pour mieux le connaître, nous allons nous appuyer sur une
publication* de la revue Science qui
consacre une section spéciale à ce continent mal connu.
L’Antarctique
est constitué par le bouclier stable oriental qui est dominé par deux chaines
montagneuses les Gamburtsev atteignant 3000m de hauteur et les montagnes Trans
Antarctiques atteignant 4500m ; ces dernières séparent le bouclier élevé Est
Antarctique de la croûte mince du rift Ouest Antarctique. Enfin la péninsule
Antarctique est une crête allongée issue de mouvements tectoniques.
La
première couverture glacière s’est développée d’abord dans les zones
montagneuses de l’Est Antarctique et ce n’est que plus tard sur l’Ouest
Antarctique qui est en partie sous le
niveau de la mer, que s’est formée une large couverture de glace car cela a
nécessité un refroidissement beaucoup plus important.
La
couverture glacière a trois composants :
. la glace posée sur le sol qui ne se déplace que très lentement. Elle
est en contact avec la roche sous-jacente et représente la majorité des
réserves de glace. Son épaisseur est supérieure à 4775m, elle recouvre
entièrement l’Est Antarctique formant un dôme au-dessus des montagnes, sa
fusion totale provoquerait une élévation de l’eau des océans de 58m.
. Les courants glaciers et les glaciers sont des
ceintures de transport qui amènent la glace vers l’océan. Ils se déplacent très
vite (4km/an) et manifestent leur activité jusqu’à 100km à l’intérieur de la
masse glacière continentale stable.
. Les tables glacières ou banquises sont des corps
flottant plats attachés aux courants glaciers et aux glaciers. Elles
constituent une ceinture de 1,5 millions de km2 autour du continent. Leur
fusion n’affecte pas le niveau des océans (principe d’Archimède) mais elles
ralentissent le flux des courants de glace et des glaciers par lesquels elles sont
alimentées. La limite, où courants de glace et glaciers commencent à flotter,
est appelée ligne de terre. Si plus de glace franchit la ligne de terre la
hauteur du niveau océanique global augmente. Le retrait de la ligne de terre
est un signal de l’amincissement de la couche de glace.
L’Est
Antarctique est la plus grande couverture de glace de la planète ; l’Ouest
Antarctique est considéré comme une couverture de glace marine; la Péninsule
Antarctique située plus au nord est la région la plus chaude, plus de 500
glaciers y drainent la glace du plateau central.
On
peut se demander quel est l’avenir de cette gigantesque réserve de glace (et
donc d’eau) ? Comment le réchauffement climatique affecte-t-il sa
stabilité ? La réponse à ces questions va permettre de prévoir les risques
d’élévation du niveau des océans. On dispose, grâce à des observations
satellitaires, de trois types de mesures : la perte de masse, la baisse de
hauteur, l’accroissement des mouvements de surface qui permettent d’évaluer le
sens et la vitesse d’évolution de cette masse glacière.
Les
pertes de masse sont surtout observées sur l’Ouest Antarctique et sont en
accroissement sur certaines régions de l’Est. Les baisses de hauteur
s’observent majoritairement dans l’Ouest Antarctique et sur la terre de Wilkes
en Est Antarctique. Certains glaciers de l’Est présentent une très forte chute
de hauteur (sup. à 9m). Les changements
de vélocité de la couverture de glace sont très forts sur la péninsule où la
ligne de terre a reculé de plus de 30km. Le réchauffement climatique provoque
l’effondrement de la banquise et sa fragmentation ;
celle-ci n’a plus la capacité de freiner l’écoulement des glaciers, il en
résulte un flux plus rapide d’écoulement de la glace continentale vers l’océan.
La
question majeure qui se pose est la suivante : de combien le niveau des
océans va s’accroître dans les prochaines décades et quelle va être la rapidité
avec laquelle cet accroissement va se faire? Il faut d’abord affiner la
connaissance du comportement de cette énorme couverture de glace qui s’est
accumulée sur des temps très longs et qui maintenant tend à fondre sur une
période très courte. S’il existe des propositions partielles pour limiter la
fonte de la glace continentale, étant donné les dimensions de l’Antarctique,
leur mise en place n’est pas envisageable ; seule une atténuation globale
du réchauffement climatique pourra être efficace.
*R.E
Bell et Helene Seroussi, Science, 20
Mars 2020, N° 6484, pp.1321-1325
PS
La France dispose de deux stations d’observations en Antarctique : la
station Dumont D’Urville en terre Adélie et, en association avec l’Italie, la
station Concordia sur le dôme Est près
du pôle Sud.
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